Bernard Anton nous parle de son recueil de poèmes Célébrades
En mai 2021 est paru Célébrades, un recueil de poèmes célébrant la nature et la beauté de l’instantané, écrits sous forme de haïkus. L’auteur, Bernard Anton, a bien voulu répondre à nos questions !
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
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J’ai une triple formation : en littérature, en sciences des religions et en hypnothérapie. Le premier champ a été choisi en fonction de mon amour pour l’écriture et le beau, le deuxième pour mon plaisir personnel et le désir d’approfondir le sens de la vie (sans référence à aucune institution ni intermédiaire), le troisième pour aider les autres et contribuer à leur bien-être. Le mélange de ces trois spécialisations crée un style, un monde imaginaire particulier, et colore la cinquantaine de livres que j’ai écrits et publiés depuis 1987 au Québec, où je vis, aux États-Unis et en France.
Votre recueil de poésie est écrit sous forme de haïkus. Pouvez-vous expliquer rapidement à nos lecteurs ce que sont des haïkus et d’où provient votre intérêt pour cette forme de poésie ?
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J’écris des haïkus depuis plus de vingt-cinq ans, avant même de découvrir ce genre littéraire, car je privilégiais déjà la brièveté lapidaire du poème. Ça correspond parfaitement à mes valeurs et à mes goûts esthétiques. J’ai animé plusieurs ateliers de haïku pour faire découvrir cet art japonais. J’invite les lecteurs à visiter mon site web www.bernardanton.com, onglet Atelier de haïku. J’y présente le procédé littéraire de ce type de poème épuré qui ne se réduit pas à ses règles prosodiques.
Je dis depuis toujours qu’avant d’écrire des haïkus, il faut être zen, vivre zen au quotidien et dans toutes les sphères de sa vie. Il faut se débarrasser de ce qui gruge inutilement, et créer un espace vide autour de soi, en soi, afin de permettre à l’essentiel d’émerger. Selon les maîtres zen, la plénitude surgit du néant. C’est le fondement de la simplicité volontaire dont je suis un adepte.
J’essaie d’éviter de cumuler des objets, d’éliminer ce qui est encombrant, y compris dans le haïku. Ce n’est pas facile. Mais quelle récompense après ! L’opulence surgit de la simplicité, de l’essentiel, de la nudité, du silence créé entre les mots, entre les lignes.
Pour être fidèle à l’esprit du haïku, totalement différent de la pensée occidentale, ce serait bien de se remettre en question et de suivre une thérapie transformationnelle qui nous libérerait des fardeaux. Faire par conséquent le grand ménage dans ses émotions et ensuite dans ses mots !
Le haïku est le summum, la cerise sur le gâteau du minimalisme, son incarnation littéraire.
Célébrades est une ode à Brigitte Bardot dont la première partie lui est consacrée. Que représente-t-elle pour vous ?
Brigitte Bardot est plus qu’une icône, plus qu’une merveilleuse actrice, plus qu’une grande artiste. Elle est carrément une libératrice. Elle a marqué et continuera de marquer très longtemps plusieurs générations. Elle nous inspire la liberté, la joie de vivre, le plaisir d’être tout simplement, authentiquement.
« le printemps se fixe / royal domicile dans / le jardin de tes cils »
« fleurs astres soleil / ne brillent autant que toi / en ce noir monde »
Elle est pour moi un modèle de générosité et d’amour qui englobe la nature et la race animale. Point érotique, mais sensuelle. Nous lui devons beaucoup. Elle a préparé, selon moi, mai 69. Elle réveille mon aspect hédonique inconscient.
Son rôle dans la société est incomparable. Elle affranchit des tabous. Grâce à elle, nous vivons désormais émancipés et debout ! L’humanité entière remercie BB pour son humanisme, entre autres aussi, pour sa protection réelle des animaux avec sa Fondation. Sa grandeur d’âme marque notre histoire contemporaine. Rares sont les étoiles qui brillent et éclairent comme elle.
« heureux celui / que ta beauté visite / les colombes jubilent »
« les diamants de ta voix / saveur et couleur de / fleurs d’amandier »
Votre recueil de poèmes se découpe en 6 parties : Célébrades, Hivernades, Amourades… Comment se fait-il que seul l’hiver ait droit à sa propre partie et pas les autres saisons ?
L’hiver fait partie du paysage québécois près de quatre mois chaque année. C’est un thème incontournable et privilégié dans la littérature de la nordicité. Durant cette saison souvent rigoureuse, tout dort, se repose, est mis sur le mode pause, comme chez vous, dans les Alpes. Alors, des sensations se réveillent et poussent à la réflexion. On saisit des mystères et des vérités étonnantes. L’on voit des scènes absurdes où la nature, les animaux survivent, quand d’autres hibernent. C’est plein de contrastes. Ça ressemble au désert, mais c’est blanc !
« matin polaire / la corneille frigorifiée / crie son désarroi »
« chut ! écoutez le chant / silencieux et inspirant / des floconnades »
Je trouve que c’est magique quand il neige. Nous avons une sensation de fraîcheur incroyable. Les flocons sont des paroles d’amour. La neige est une amie, une partenaire, une protectrice.
Avoir consacré une partie à l’hiver n’enlève rien aux autres saisons foisonnantes traitées dans ce recueil. Vous savez, la nature, les saisons, ce sont des thèmes de prédilection dans le haïku et dans la littérature japonaise. Le patrimoine pictural du Japon regorge de tableaux représentant la nature dans tous ses états.
Vous êtes l’auteur d’une cinquantaine de livres de styles différents : poésie, nouvelles, essais… On peut donc penser que vous en avez d’autres en cours d’écriture ?
Je travaille sur deux manuscrits en ce moment : un autre recueil de haïkus et un recueil de nouvelles. La nouvelle, c’est également bref, concis, épuré, court. Ce n’est pas aussi complexe et détaillé que le roman.
Depuis le traumatisme crânien que j’ai eu lors de mon accident de voiture en 2005, je me fatigue vite. Je n’ai plus la force de concentration pour entreprendre un travail ou une réflexion de longue haleine. Voilà une autre raison pour laquelle je favorise la sobriété.
Votre ouvrage fait le constat amer de l’action de l’homme sur notre planète comme la déforestation ou encore le réchauffement climatique. Alors pour finir, quel message aimeriez-vous faire passer à nos lecteurs ?
L’être humain est malheureusement égoïste, inconscient des ravages qu’il provoque par ses gestes irresponsables. Il écoute plutôt ses impulsions négatives. On revient aux principes de base de la simplicité volontaire : apprendre le dépouillement, l’allègement, pour soulager la nature et préserver notre environnement, car le superflu pollue. La Terre, notre seul habitacle, n’en peut plus. Nous en payons le prix maintenant.
Rappelons-nous, nous ne sommes que des locataires et des visiteurs sur cette planète qui ne nous appartient pas. Pourquoi alors faire la guerre, détruire et ostraciser l’autre ?
« étrangers toujours / mais le soleil ne connaît / aucun étranger »
« inhumaine certes / l’humanité qui lynche / l’innocence même »
C’est inconcevable, en 2022, de ne pas être vert, de ne pas recycler, de ne pas réutiliser, de jeter et de gaspiller. C’est irrecevable de ne pas protéger les différentes formes de vie animales et végétales. Il est faux de mettre sur un piédestal l’humain. Les autres espèces sont aussi valables que lui. Notre déséquilibre intérieur entraîne un déséquilibre environnemental tragique, voire irréversible.
Ce même réflexe devrait donc être implanté au quotidien et dans le haïku : éviter la surconsommation de produits futiles et la multiplication des mots.
Mon conseil : développer sa conscience écologique, provoquer le moins d’impacts négatifs autour de soi, ne pas avoir peur d’écouter sa voix intérieure qui nous incite à aller à l’encontre du marketing excessif et du bavardage ! On vivra alors allégés et heureux !
La simplicité volontaire est une option philosophique, matérielle, spirituelle, existentielle, sociale, économique, environnementale et littéraire. Le haïku en est l’illustration par excellence.
Les haïkus ont ce côté magique qui permet de saisir la beauté de l’instant présent en seulement quelques mots. Bernard Anton nous invite ainsi à faire le constat amer des actions de l’homme sur la nature dans ce texte engagé. Célébrades est disponible aux éditions Les impliqués.